Que font nos abeilles en hiver ?

Que font nos abeilles en hiver ?

Les ruches se sont dotées d’abeilles d’hiver, incapables de butiner.
Napoléon Ier ne les a pas choisies pour rien comme emblème impérial. Pourtant, s’il avait su ce que les abeilles faisaient l’hiver, il n’aurait peut-être pas mené de la même façon sa campagne de Russie. En fait, ce choix de l’abeille n’est pas directement lié à sa nature industrieuse, à son obéissance à la reine ou à ses performances en tout genre, mais au fait qu’on avait trouvé des abeilles d’or dans le tombeau de Childéric Ier, père de Clovis, emblème qui fut adopté par les Mérovingiens. Depuis l’Antiquité, l’abeille a toujours suscité fascination et admiration chez l’homme.

Les abeilles appartiennent à l’un des ordres les plus importants du règne animal, les hyménoptères (plus d’un million d’espèces connues), qui compte également, entre autres, les guêpes et les fourmis. On connaît environ 2 000 espèces d’abeilles, dont 1 000 en France. Ce sont, par leur activité de butinage, les principales pollinisatrices de fleurs, et, sans elles, nombre de plantes ne pourraient se reproduire. Si l’abeille domestique (Apis mellifica) est sociable, la plupart des autres espèces sont solitaires. Leur comportement face à l’hiver, au froid et à la raréfaction de la nourriture sera donc très différent.

D’une façon générale, les animaux ont plusieurs «tactiques» pour passer l’hiver. Elles dépendent en premier lieu de leur mode de chauffage. Les mammifères et les oiseaux gardent une température à peu près constante par production de chaleur interne. Au contraire, les reptiles, batraciens, poissons ou insectes n’ont pas des températures constantes et dépendent de sources extérieures de chaleur.

Mais certains mammifères ou petits oiseaux pratiquent le changement de température interne au moment où ils sont inactifs. Ainsi, le paresseux diminue sa température la nuit. L’abaissement de la température peut aller de 10° à 15° et permet d’économiser le «carburant». Et puis il y a carrément l’hibernation. Les vrais hibernants, comme le hérisson, la chauve-souris, la marmotte ou le lérot, voient leur température passer de 34-35° à 4° à 6°. Les battements cardiaques du hérisson passent de quelque 190 battements par minute à
20 par minute. Son rythme respiratoire passe de 40-50 respirations par minute à 9-10. Les dépenses énergétiques de l’animal sont diminuées de 30 à 50 fois. L’essaim se regroupe près des réserves de miel

Qu’en est-il des abeilles ? Du 15 octobre au 15 avril, en fonction des conditions atmosphériques, la plupart, comme les bourdons et les autres insectes, vont prendre des vacances et hiberner dès que la température descendra sous les 10°-12°. Elles se trouvent un abri, qui peut être un trou dans la terre, et ralentissent fortement leur métabolisme en espérant avoir suffisamment de réserves et un hiver pas trop rigoureux pour survivre pendant six mois.

Mais une espèce d’abeille échappe à cette règle, notre abeille domestique. Avec des stratégies très malignes. Elles ne vont pas hiberner mais, hiverner. Tout d’abord, la reine de la ruche va donner naissance, lors de ses dernières pontes en fin de saison, à ce que l’on appelle des abeilles d’hiver, différentes des abeilles dites d’été, car elles n’ont pas les mêmes rôles à remplir.

Alors qu’une abeille d’été vit de 45 à 60 jours, une abeille d’hiver vivra de 150 à 200 jours. Une abeille d’été est destinée, à un moment ou un autre de son existence, à être butineuse alors que l’abeille d’hiver, qui ne volera pratiquement pas en dehors de la ruche, est là pour aider à la survie du groupe et surtout de la reine (qui elle, vit de 4 à 5 ans). Pour ce faire, elles utiliseront les réserves de miel accumulées pendant la belle saison.

Il faut également garantir une température correcte à l’intérieur de la ruche. Pour cela, l’essaim va se regrouper à un endroit proche des réserves de miel, se serrer et par des battements d’ailes mesurés, dégager de la chaleur. Les abeilles vont se relayer pour entretenir ce petit radiateur individuel. Mais toutes ne passeront pas l’hiver. D’autant qu’elles doivent sortir de temps à autre pour des vols de «propreté». En clair aller aux toilettes en dehors de la ruche afin d’éviter le développement de maladies.

La dernière stratégie employée par les abeilles pour mieux passer l’hiver peut nous sembler assez cruelle. Surtout à nous autres hommes. Cela concerne les mâles, appelés faux bourdons. Les ouvrières estiment qu’ils ont rempli leur rôle en fécondant la reine pendant l’été et qu’ils n’ont donc plus aucune utilité en hiver. Pas de bouches inutiles à nourrir en hiver, ont-elles décrété : dehors. Messieurs, il est temps de disparaître…

Jacques

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